Une édition spéciale consacrée au discours prononcé par Jean-Philippe Picard Bachelerie à l’occasion des vœux de la fédération du Val d’Oise, samedi 26 janvier dernier.
Retrouvez La Lettre n°4 à partir du 15 février…
Mesdames, Messieurs, chers Amis,
La tradition des vœux du nouvel an est l’occasion de se recentrer sur ceux à qui s’adressent nos souhaits.
A vous comme aux 50% de français qui vivent dans une profonde inquiétude pour le présent comme pour l’avenir.
Comme premier vœu, je pense à la solidarité et au lien fraternel dans les familles, le voisinage, les entreprises et les associations.
Le deuxième vœu est celui du bonheur au cœur des incertitudes, bonheur personnel et partagé.
A ceux qui exercent une responsabilité associative, syndicale, politique et spirituelle, j’adresse un vœux : revenir à ce qui fonde tout engagement, celui du service des personnes, dans « une vie accomplie avec les autres et pour les autres dans des institutions justes », citation de Paul Ricoeur.
2013 n’est pas une année qui s’ajoute à 2012 et aux précédentes.
Elle s’inscrit dans une période déjà longue dont nous percevons une cohérence.
Aujourd’hui, nous sommes confrontés à une inquiétude qui gagne chaque jour du terrain, avec pour conséquence, la perte de confiance dans les pouvoirs publics et les partis politiques.
L’élection à une très courte majorité de François Hollande et le peu d’enthousiasme qui en résulte, sont significatifs d’un état d’esprit bien fragilisé.
Profondément, le doute a saisi bon nombre de français face aux revirements constatés, au sentiment de trahison quand le programme n’est pas mis en œuvre.
Et le spectacle politicien qu’offre la droite participe à la désaffection de l’intérêt public rendu illusoire.
Quand je parlais de cohérence, je voulais évoquer notamment la fameuse « fracture sociale » de Jacques Chirac, en 1995, laissée sans réponses. La présidence de Nicolas Sarkozy dans le domaine de la sécurité, par exemple, donnèrent lieu à des effets d’annonces sans lendemains.
Fin mars 2011, Jean-Paul Delevoye, nouveau président du Conseil économique, social et environnemental, dans son dernier rapport de médiateur de la république, posait un diagnostic sur la « fatigue psychique » de la société française, et sur sa fragmentation.
A ce constat, nous pourrions reprendre à notre compte la célèbre maxime de Kennedy : « Demandez-vous non pas ce que votre pays peut faire pour vous. Demandez-vous ce que vous pouvez faire pour votre pays. »
Il devient difficile de tenir un tel discours face à ces 50% de nos concitoyens réellement inquiets, et pour un nombre trop important, l’imaginer est impossible.
Lorsque nous écoutons et observons les gens dans nos familles et notre voisinage, au travail comme dans les transports en commun, nous constatons combien la vie est rude : absence d’écoute des pouvoirs publics, manque de lisibilité de l’action entreprise par le président Hollande et le gouvernement, sentiment de trahison pour un grand nombre d’électeurs de gauche, fatigue professionnelle liée aux nouveaux modes d’organisation et de management, le renforcement de la précarité, un pays et une Europe éclatés, constitués d’archipels autour d’intérêts individuels, communautaristes ou « entre pairs ». Un doute demeure…
Tout cela est révélateur d’une société fragmentée, avec des mondes sociaux qui ne veulent pas entendre ce que disent les autres. Cela est frappant ces derniers mois.
Le « saut dans l’inconnu » nécessite un minimum de confiance dans l’autre et dans les autres notamment dans les pouvoirs publics jusqu’aux échelons les plus élémentaires comme les équipes municipales.
Il oblige à un minimum de vérité.
Il implique que nous revoyons l’exercice de la responsabilité politique qui consiste à unifier.
Cela pose la question de la vocation des partis qui, concrètement, ont confisqué l’action politique.
Cela pose la question des « corps intermédiaires » : associations, syndicats, presse, et leur place dans le concert d’une réelle démocratie. Dans son programme, François Bayrou réaffirmait qu’ « ils sont des partenaires de l’Etat, qui les traitera d’égal à égal, en les considérant, en les écoutant, en les respectant ».
Ce qui, d’ailleurs, revient à reconsidérer les « délégations de service public » pour les associations.
Je voudrais insister sur la place des corps intermédiaires.
Ils rassemblent des concitoyens exerçant le rôle d’acteurs de notre société. Comment les reconnaître ainsi concrètement ?
Comment responsables politiques et militants associatifs, pouvons-nous partager la charge de la res publica, la république ?
Comment, à l’échelle du département, et à celles des communes et des intercommunalités, leur reconnaissons-nous le droit d’être associés à la vie sociale : interpellation sur des sujets importants, débats, etc.
La place qu’occupe, en France, la troisième assemblée constitutionnelle, le Conseil économique, social et environnemental, est préoccupante d’autant plus qu’elle réunit les représentants des corps intermédiaires.
Les projets sociétaux en cours illustrent l’absence de discussions publiques « sans a priori, dans un climat qui offre la plus grande indépendance d’esprit à tous les participants. »
Il s’avère indispensable que les pouvoirs publics remettent sur le métier la prise en compte du CESE, instance ayant pour vocation d’éclairer la décision politique.
Face au doute qui habite bon nombre de nos concitoyens, un levier reste essentiel, celui de la liberté dans la réflexion, la décision et l’action, en refusant le jeu partisan.
C’est la caractéristique du Centre, c’est-à-dire du Mouvement Démocrate. Lors de ses vœux à la presse, François Bayrou notait que « La bipolarisation, puisque l’essentiel de la vie politique parlementaire dépend des deux grands partis dominants, (…) ne résout rien.
Elle livre chacun des camps à l’influence des plus excessifs.
Elle entraîne perpétuellement aux promesses d’abord mirobolantes, ensuite absolument décevantes. Elle nourrit le rejet de la vie publique. »
Plus loin, il ajoute que « Si on comprend que le clivage entre droite et gauche n’est plus ni le seul, ni le plus juste, alors on découvrira qu’il n’existe qu’une confrontation de fond. »
Il s’agit des réformistes contre les conservateurs,
De ceux qui veulent des réformes pour le redressement des finances, de la ré industrialisation, de l’éducation, et ceux qui s’enferment dans des idéologies pas encore questionnées sur le fond.
Les français sont inquiets, ils sont également demandeurs de et veulent du changement.
Les militants du Mouvement Démocrate sont décidés à être les promoteurs du changement, au niveau national, en encourageant les réformes justes, en souhaitant qu’elles soient mises en œuvre, et en critiquant fermement les reculades idéologiques.
Le Mouvement Démocrate rend possible l’unité des démocrates sociaux de la droite modérée aux sociaux démocrates.
Nous sommes disponibles de façon claire et lisible depuis la dernière transgression faite par François Bayrou en annonçant son choix pour le 2nd tour.
Nous sommes le Centre pour la France et l’Europe. Dorénavant, c’est aux autres partis de se positionner par rapport à nous.
Il ne s’agit pas d’une utopie mais d’un risque pris personnellement par François Bayrou, mais aussi par les militants de notre formation.
Il est possible de transgresser les habitudes, de prendre des risques car notre raison d’être, au Centre se résume en une phrase : placer la personne humaine, la plus faible, au cœur de tout projet politique.
Seul l’intérêt national compte pour le Mouvement Démocrate, qui doit se conjuguer avec l’intérêt européen.
Notre indépendance, nous l’avons payé très chère lors de la présidentielle et des législatives.
Elle nous permet d’offrir, ni plus ni moins, à nos concitoyens tant à l’échelle nationale, qu’à celui de nos communes, la liberté de dépasser les luttes partisanes comme je viens de vous le dire.
Comme nous le disait François Bayrou, en mai dernier : « Le Centre pour la France (se résume en trois mots) : parité, diversité et rassemblement au-delà des frontières partisanes. »
En vue de cela, le Mouvement Démocrate du Val d’Oise s’impliquera, comme il l’a fait jusqu’à ce jour, dans la préparation des élections européennes afin de développer l’esprit européen.
Nous mettrons en avant l’action singulière que mènent nos députés au parlement de Strasbourg.
Concernant les élections municipales, à partir des orientations formulées par François Bayrou, nous avons commencé à les préparer dans une démarche d’action municipale, au service de nos concitoyens.
Seul l’intérêt communal est l’axe majeur de notre projet, au-delà des étiquettes politiques.
Les équipes du Mouvement Démocrate préparent les municipales sur « une démarche d’équipes et de majorités locales (…) sur la base de la qualité des hommes et des femmes, et de la qualité des projets. »
Au Mouvement Démocrate, nous faisons le pari de la vérité : cela nous a coûté très cher. Et nous en connaissons le prix.
Nous faisons le pari de la confiance dans les hommes.
Cette confiance se fonde sur l’incertitude car les liens restent fragiles. Et la confiance, surtout en politique, est paradoxale : elle sait la fragilité des liens mais s’appuie sur chacun, reconnaissant en l’Autre un alter ego.
Cette confiance se fonde sur la certitude que chacun a les capacités qui permettent de dépasser les conservatismes partisans pour se mettre au service de ses concitoyens.
C’est parce que nous saurons dépasser les conservatismes partisans et nous mettre au service de nos concitoyens que nous aurons la possibilité d’interpeller nos concitoyens pour qu’ils s’interrogent sur ce qu’ils peuvent faire pour leur ville, pour leur pays, pour l’Europe et le monde.
Bonne année à tous !
Jean-Philippe Picard-Bachelerie
Président du Mouvement Démocrate du Val d’Oise